mercredi 5 août 2009

Editorial

Ces GENS qui luttent…
par Gahston Saint-Fleur

Avant d´entrer en matière, nous tenons à souhaiter:
«JOYEUX ANNIVERSAIRE à Madiba»
Chapeau pour Nelson Mandela
Respect à l´Homme
Pour la liberté
Pour les Droits Humains!


Le hasard a fait de lui un grand Homme car, nombreux sont ceux qui, en prenant ce chemin, finissent par émettre le chèque en blanc de leur propre sang pour payer leur audace.
Qu´il y ait toujours une étoile Mandela qui brille partout où règne encore l´obscurité de l´apartheid. Nous en sommes la cause de cet apartheid et nous en sommes les victimes ; les apartheids de notre vie, de notre milieu, soyons un Mandela.

En effet, tous ceux qui osent prendre le chemin de la revendication populaire pour réclamer les droits des sans-droits, la voix des sans-voix, doivent être conscients au moins d´une chose: d´un moment à l´autre, leur sang peut être réclamé en échange de ce qu´ils exigent de droit. Celui qui n´en est pas conscient, ne devrait pas être un militant, ni défenseur de la paix, activiste des droits Humains ou autres. Ceux qui doutent de cela, n´ont qu´à feuilleter les pages tournées du passé, ils n´ont qu´à le demander au Christ, à Jésus, l´Emmanuel.

Nous dédions le poème qui suit, à l´occasion du 91º anniversaire de naissance de Madiba, à lui, aux lutteurs pour un monde plus juste, les guerriers anonymes, à ceux qui sont frappés et dont le sang coule, ces martyrs! Mais aussi bien aux autres qui, tout en étant frappés, leur sang coagule au-dedans d´eux. Ces derniers souffrent beaucoup plus. Fort souvent, ils doivent puiser de la force dans leur faiblesse. Quand ils souhaiteraient trouver une source externe d´où auraient-ils pu puiser du courage pour se ranimer, il revient à eux de le faire de leur propre source déjà desséchée pour ranimer leur entourage, pour dire autrement, ils doivent donner de ce qu´ils n´ont pas. Pour eux, par Mandela, ces vers de sang: « Sang/Quand la sueur de ton front ne suffit pas/ Du sang/Quand ta voix se fait trop courte/ Du sang/ Quand tes bras se raccourcissent/ Du sang/ Quand tes actions s’affaiblissent/ Du sang/ Donne de ton sang/ De ce liquide de feu/ Qui, omniscient et omniprésent/ Bouillonne dans tes veines/ Pareil à un puissant esprit qui se tait et attend. »

Pour commencer, nous tenons à saluer nos collaborateurs et lecteurs; remercier leur patience, leur fidélité à l´équipe du Comité. Voici, en effet, après une attente prolongée de plusieurs mois, la reparution tant attendue de notre revue.

L´actualité dans les différents domaines de la connaissance devient une bouée de sauvetage difficile à atteindre, voire difficile à enfermer dans les paumes des mains, comme plus d´une parmi nous aimerions bien le faire. Dans ce cas, nous n’avons pas la prétention de relater tous les événements qui ont fait l´actualité durant ce laps de temps dans le monde des haitianos à Santo Domingo, voire dans l´arène internationale. Quand même nous tiendrons à réfléchir ensemble sur les dénominateurs communs de l´actualité dans l´île au cours des derniers jours en commençant par le côté occidental.

En Haïti, il y a l’entrée en action de Bill Clinton comme envoyé spécial des Nations Unies à Port-au-Prince. Cela vient s´ajouter à la présence de la MINUSTAH et de ses officiers hauts gradés qui sont déjà sur place. Incapacité manifeste des forces de coalition régionale ou volonté de contrôle de la « Génération O » depuis la Maison Blanche? En ce qui a trait à cette dernière, nous n´avons pas de doute quant à la saine intention qui aurait inspiré Barack Obama de concert avec le Nº 1 de l´ONU dans une telle décision. Quant au premier –les forces de coalition-, il faut le reconnaître, dans nombre de cas, la MINUSTAH a fait preuve d´une incapacité chronique sinon complice – par le biais de certains de ses agents peu scrupuleux - dans des actes indésirables qui torturent encore la conscience collective haïtienne.

D´autre part, les rumeurs courent : le Gouverneur Bill est entré en poste dans une Haïti sous la tutelle américaine - tutelle formelle, doit-on préciser, car la mainmise américaine sur Haïti depuis 1915, pour ne pas aller au-delà de cette date, n´est pas une nouvelle pour personne. Le couple Préval-Clinton dévoile : « Il s´agît d´un effort de canalisation de l´aide étrangère vers Haïti ». En effet, entre les ouï-dire et les déclarations officielles, faisons place au temps, c´est bien dans son sein que se bercent les actes!

Pour ceux qui ont une idée du montant de cette aide étrangère en Haïti, par le manque aigu de transparence qui règne dans les administrations tant auprès des fonctionnaires «palaisiens » que chez certains ONG sur place, on serait tenté de se demander s´il ne serait pas également important –sinon plus- qu´un mécanisme de contrôle international de ces aides soit mis en place. Je l´avais déjà dit quelque part, en ce qui concerne les aides en infrastructures routières qui sont fournies au pays, les employés n´ont qu´à rapporter un accident ou la disparition d’un objet faisant partie du matériel que, quelques jours après on les voit apporter de nouveaux matériels sans que les autorités responsables se donnent la peine de vérifier ces rapports communément verbaux.

Dans certains cas, à cause d’une faille dans la maintenance routinière de ces appareils, on les abandonne pour une réparation qui reste en deçà de 50 Dollars US, peu importe le prix de cet appareil. Ce n’est pas un secret pour personne, les merveilles du désastre des Gonaïves; combien de lucre dans le malheur des autres! En effet, dans un pays où l´argent gouverne (et ce au détriment de l´esprit) ce n´est pas sans se consterner que l´on observe l´émergence de nouveaux politiciens. Ils rêvent d´être maire de la ville, législateurs et même président, pourquoi pas? En Haïti, la méritocratie c’est l’argent. Nous vivons dans un pays (Haïti) où la ploutocratie et la paupérocratie s´articulent dans une perfection médiévale, peu importe le gouvernement.

Préval a de quoi se vanter d´être le chouchou des aides internationales, le chouchou de la politique haïtienne. Il est cet homme d’État haïtien qui a accompli deux mandats présidentiels de manière interrompue et qui reste chez lui après. Il est ce président qui n’a pas peur des poussahs carnavalesques au Champs de Mars. D’ailleurs il n’aime pas trop se colporter et ce, peu importe le niveau d’insécurité dans le pays. Un homme pareil avec les attributions que nous savons a bien de quoi pouvoir être qualifié de bon si ce n’était pas pour le sens de l´administration qui lui manque, pour la finesse qui lui fait défaut lors du choix de ses collaborateurs. En effet, si on n´a rien à lui reprocher dans la malversation des deniers publics, il fallait bien questionner son manque de contrôle, lequel le rend complice des malfaiteurs au pouvoir, des malfaiteurs dans ses administrations.

Tout en laissant ouverte cette réflexion, passons de l´autre côté de l´île où les faits, par rapport à nos compatriotes nous attendent. Dans les derniers moments, nous avons suivi –et nous le faisons encore- le duel entre la Fuerza Nacional Progresista (FNP) que dirige l´avocat de renom, Marino Vinicio Castillo et famille d´un côté et le ministère de l´Intérieur et de la Police, de l´autre côté. Cause: le fameux « Problema haitiano » en République dominicaine. Pour le premier-les Castillo, le problème migratoire dominicain se réduit au fait de la présence irrégulière des nationaux haïtiens dans l´Est de l´île. Il va sans dire que les asiatiques, les centraméricains, les sud-américains… ne font pas partie du problème migratoire dominicain, au dire textuel du susmentionné dans le journal, Listin Diario.

Cependant dans l´actuelle administration du ministère de l´Intérieur et de la Police, le problème migratoire est beaucoup plus large. Il s´étend à tout étranger qui se trouve dans (sur ) le territoire dominicain sans être muni des documents légaux nécessaires. De là, est accusé le réductionnisme migratoire de la FNP d´haïtianophobie. Le Ministère veut entreprendre un processus qui favoriserait quand même les descendants et les travailleurs haïtiens, lequel la FNP ne cache pas son intention de boycotter jusqu´au bout. En effet, la Junte Centrale Électorale (JCE), pour sa part, a commencé un processus au cours duquel, plus de 146 000 actes de naissances tardifs (actas tardías) sont déjà émis. Pendant ce temps, les accusations s´entrecroisent entre la FNP et l´Intérieur dominicain dans une bataille qui profite aux journaux. Pendant ce temps, de bons citoyens infatigables continuent à lutter non pas contre, comme on aimerait bien le faire croire, mais pour un Santo Domingo plus juste pour les siens et pour ses visiteurs.

D’autre part, on questionne encore les intentions de M. Franklin Almeyda Rancier, titulaire du portefeuille de l’Intérieur et de la Police car, il est ce Ministre du poste qui a expulsé le Père Ruquoy, religieux CICM de nationalité belge, vaillant défenseur des droits des Haïtiens dans le Sud de Santo Domingo, pendant environ 30 ans. Par ailleurs, nous sommes au courant de ses aspirations présidentielles. Ces gens qui luttent, ne doivent pas oublier la vertu cardinale de la prudence quand ils se baignent dans ces eaux aux odeurs de Massacre.

Ces gens qui luttent infatigablement pour l´émancipation du droit des immigrants haïtiens en République dominicaine, en vérité je vous le dis : vous n´êtes pas la moindre pierre dans la construction pérenne de cette « patrie juste pour tous » qu´ont rêvée les pères fondateurs, à savoir : Juan Pablo Duarte, Francisco del Rosario Sánchez, Ramón Matías Mella et compagnie. Un rêve qui ne cesse de flirter avec la conscience des générations, rêve fait cauchemar chez plus d´un et caressé dans le réel par nombre d´autres; en somme, rêve encore rêvé.

Pour certains puristes du type des fanatiques aveuglés de la Fuerza Nacional Progresista, cette lutte s´oriente au détriment du pays. Cependant pour nombre d´autres, malgré leur silence sous peine de perdre leur dominicanité, il s´agit d´un investissement dans les intérêts vitaux de la République, dans la reconnaissance de ces ressources humaines potentielles, leur préparation et la mise en profit de celles-ci pour le plus grand bien du pays. Il est quand même absurde de nier la participation politique à ceux qui ont grandement contribué à l´édification des tours qui symbolisent avec justesse le niveau économique de Santo Domingo, de sa présence sur la scène internationale!

A travers l’élection de Barack Obama, les États-Unis nous disent que les ressources humaines qualifiées –et ce, même pour diriger le destin de la nation la plus puissante du monde- peuvent venir aussi bien de la Grande Bretagne que du Kenya. Par contre, à une époque où la bataille des compétences défie tout ce que j´appelle les « accidents sociaux » -s´agît-il de la priorité que nous octroyons, dans notre effort pour définir l´homme, aux faits qui lui affectent dans son devenir : le nom de famille, l’origine ethnique, la nationalité, la couleur, etc. tout en négligeant en soi l’homme tout court, faire table rase à certains au profit d´autrui en raison de la pigmentation de la peau, de la provenance géographique, ce n´est pas faire du bien à un pays ou une institution quelconque, mais bien au contraire!

Malheureusement en refusant de savoir le montant de notre Capital Humain, nous refusons ipso facto, tout effort s´orientant à l´évaluation de nos pertes provoquées par notre négligence. Pertes dans le décès prématuré de nos jeunes, dans la mort de nos hommes sans avoir même vécu encore, pertes dans notre croyance fascinée et achronique dans la prédestination de certains à être des sous-hommes; en profanant, en souillant le pain sacré de nos enfants, ce pain de l´éducation et de la formation conçu au prix du sang.

Il nous faut continuer à lutter sans nous confondre avec ceux-là qui parlent de bien d’autrui quand ils œuvrent pour leur bien personnel, ceux qui cherchent à se faire les protagonistes d’un jeu dans lequel ils ne sont que de simples spectateurs, ces gens mus par la haine et la vengeance! Il n’est pas nécessaire de causer du mal pour créer du bien. J’irai plus loin pour dire que tout bien dont la réalisation implique un mal, est questionnable.

Saluons les efforts de tous et chacun dans l’amélioration constante de la vie des nationaux haïtiens en République dominicaine, nous saluons la reprise des activités de l’équipe du Comité, nous saluons, enfin, la reprise de nos relations avec nos amis lecteurs.

Au prochain édito.

Gahston Saint-Fleur
chestedr@gmail.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire