mercredi 9 septembre 2009

Le rêve dominicain





Publié le 09 Septembre 2009 par Ipso-facto & repris par le journal Metro le 28 septembre 2008

Un reportage de Catherine Tourangeau

Les bateyes (prononcer « bat-eille »), réalité propre à la République dominicaine et à Cuba, sont des villages improvisés à proximité des champs de canne à sucre, construits sommairement par ceux qui y travaillent. Dans le cas dominicain, l’existence même des bateyes est liée à l’immigration – le plus souvent illégale – des Haïtiens. La petite localité de Muñoz, située à six kilomètres à peine des célèbres plages de Puerto Plata et à moins d’un kilomètre des grands complexes hôteliers de la Playa Dorada, est un de ces bateyes.

La coupe de la canne à sucre est considérée comme une occupation dégradante par les Dominicains, qui préfèrent généralement rester sans emploi plutôt que de s’y abaisser. Attirés par le niveau de vie plus élevé de leurs voisins, les travailleurs de la canne sont pour la plupart des immigrants haïtiens. Sans le sous et sans-papier, ne parlant généralement pas espagnol, ils sont contraints d’accepter de vivre dans les conditions les plus sordides. Cette situation a donné lieu à un trafic de main d’œuvre qui attire les foudres des protecteurs des droits de l’Homme sur l’administration du pays. En 2006, l’organisme Amnesty International s’est penché sur la question et a produit un rapport dans lequel il enjoint l’administration dominicaine à prendre des mesures visant la protection des travailleurs de la canne à sucre (1).

Les Haïtiens, désireux de quitter leur pays pour trouver un emploi et de meilleures conditions de vie, sont recrutés pour travailler dans les champs de canne par des chasseurs-de-tête dominicains. Ces derniers leur promettent un logis et un revenu en échange de leur travail. Ce n’est qu’une fois arrivés en République dominicaine que les Haïtiens constatent l’horreur de leur situation. Il est trop tard pour eux : ils n’ont pas les moyens de retourner en Haïti ou de tenter leur chance ailleurs. Souvent ils se sont endettés pour traverser la frontière et pour faire le voyage jusqu’aux champs de canne. Leur salaire de crève-faim est à peine suffisant pour assurer leur subsistance. Impossible alors pour eux de payer un loyer pour un logement décent : c’est ainsi que naissent les bateyes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire